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OSE Immunotherapeutics est la première société à publier un essai de phase 3 de vaccin thérapeutique. Une nouvelle classe de médicaments voit le jour.

Ouest-France
Philippe RICHARD.

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Pour le patron de la biotech nantaise OSE Immunotherapeutics, Nicolas Poirier, « c’est peut être le début d’une nouvelle révolution » à laquelle on assiste. Depuis le début de l’année, souligne-t-il, trois études importantes ont fortifié les espoirs dans des vaccins thérapeutiques contre le cancer, permettant de « rééduquer le système immunitaire » afin qu’il s’attaque bien aux tumeurs.

Moderna a présenté une étude de phase 2 très commentée sur le mélanome, BioNtech une étude de phase 1 sur le pancréas. L’étude de phase 3 du Tredopi d’OSE Immunotherapeutics, destiné aux malades d’un type de cancer du poumon, ayant déjà subi deux lignes de traitement, est bien une première mondiale.

Le professeur Benjamin Besse (Institut Gustave Roussy), qui a été le référent scientifique de l’étude, commente les résultats prometteurs, publiés dans la revue de référence Annals of Oncology : « Comparé à la chimiothérapie, le risque de décès est réduit de 41 %. Avec un taux de survie globale qui passe de 7,5 à 11,1 mois. Et le vaccin est moins toxique. La qualité de vie globale est améliorée. »

Contrairement à Moderna et BioNtech, Ose Therapeutics ne travaille pas sur des vaccins à ARN messager mais sur des vaccins à protéines : « Il est constitué de cinq antigènes tumoraux différents, des morceaux de protéines bien reconnues par le système immunitaire. »

Le vaccin est inoculé sous la peau toutes les trois semaines six fois de suite, puis toutes les huit semaines pendant un an et enfin toutes les douze semaines.

Un quart des patients éligible

Comme tous les médicaments contre le cancer, le traitement n’agit pas sur tous. Environ un quart des patients avec cancer du poumon est susceptible d’y réagir positivement.

En effet, comme pour les groupes sanguins, nous pouvons appartenir à différents groupes sur le plan de l’immunité. Seules les personnes typées HLA2 (45 % de la population) peuvent répondre au vaccin. Et parmi celles-ci, seulement la moitié répondent positivement aux traitements régulant l’immunité. Le professeur Besse estimé à 7 000 le nombre annuel de patients français qui pourraient être concernés. Plus prudent, OSE, la société nantaise, table sur 5 000, et 100 000 au niveau mondial (dans les pays qui pourraient s’offrir une telle thérapie)

Nouvelle étude et autres cancers

Si l’étude est prometteuse, elle est incomplète. Le Covid-19 a perturbé son déroulement et seulement 219 patients (au lieu des 363 prévus) y ont participé. « Nous avons arrêté d’ajouter des patients dans l’étude. On aurait pu nous reprocher des interactions potentielles avec ce virus alors mal connu, précise le professeur Besse. L’étude n’a pas toute la puissance voulue mais a bien permis de comprendre quelle population de patients en tire le plus de bénéfices. »

Une nouvelle étude de phase 3, mais cette fois en deuxième traitement, associée à un autre médicament d’immunothérapie, va être lancée. Parallèlement, le vaccin va être testé contre les cancers de l’ovaire et du pancréas. Résultats attendus en 2024 pour cette dernière étude, 2025 pour les deux autres.

Envisagez-vous de vous faire vacciner contre le Covid-19 lors de la nouvelle campagne ?
Pour l’heure, le médicament a été autorisé en accès précoce en Espagne, et à titre compassionnel (pour quelques patients au cas par cas) en Italie et en France.
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